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L’AGROÉCOSYSTÈME

« C'est la diversité qui fait l'efficacité »

 

ÉCOSYSTÈME

Dans la nature, un écosystème est l’association de deux composantes : des communautés d’espèces vivantes (appelées biocénoses) et un environnement physique (appelé biotope). Biocénose et biotope sont en étroite et constante interaction.

Exemples d’écosystèmes : un océan ou même une mare, une forêt ou même un bosquet, un sol, un champ, un jardin…

Rares sont aujourd’hui sur Terre les écosystèmes qui ne sont pas imprégnés par la main humaine. Certains le sont beaucoup plus. C’est le cas des agroécosystèmes : écosystèmes agricoles où l’être humain impose des espèces végétales et animales, qu’il va contrôler et utiliser à son profit.

 

@PHILIPPE GRAND PHOTOGRAPHIES

 

 

PRÉDATION

Un écosystème est d’abord composé de végétaux. Ceux-ci sont à la base de ce que l’on nomme les chaînes alimentaires ou chaînes trophiques. Ainsi, pour prendre un exemple : tel végétal est consommé par un insecte, lequel est prédaté par un oiseau comme une mésange ou même une chauve-souris, lesquelles sont potentiellement la proie d’un rapace, un épervier pour la première, une chouette pour la seconde. On peut avoir encore un chaînon puisque les nichées de ces rapaces peuvent elles-mêmes faire l’objet d’une prédation par un chat ou une fouine.

Au sein de ces chaînes alimentaires, nous avons donc différentes catégories de consommateurs. Nous avons, en premier lieu, les producteurs (= les végétaux) puis différents niveaux de consommateurs avec :

    • des herbivores (= consommateurs de végétaux ou consommateurs primaires),
    • des carnivores (= consommateurs d’herbivores ou même d’autres carnivores ; ils sont consommateurs secondaires, tertiaires etc.) On les appelle aussi des prédateurs.
    • des saprophages qui consomment une forme particulière de matière organique, morte, qu’elle soit végétale ou animale.

Parmi les saprophages, on distingue :

    • les détritivores qui consomment les débris végétaux et animaux (les vers de terre, par exemple) ;
    • les coprophages qui se nourrissent des excréments de diverses espèces animales (des insectes comme les bousiers, par exemple) ;
    • les nécrophages ou charognards qui consomment des cadavres (les vautours, par exemple).

Les omnivores sont tout autant herbivores que carnivores, voire saprophages…

N’oublions pas, après l’intervention des saprophages et notamment après les détritivores, les décomposeurs qui dégradent la matière organique morte vers son stade le plus simple, les éléments minéraux, qui retourneront dans le grand cycle de la matière, pour alimenter les végétaux. Bactéries et champignons sont, par exemple, des organismes décomposeurs. La boucle est bouclée !

Bien entendu, ce n’est pas aussi simple. Les relations sont, au contraire, très complexes car imbriquées les unes avec les autres. Seulement, si l’un des maillons manque à l’appel, les conséquences peuvent être importantes. Un exemple : le renard, à lui seul, en une année, consomme une moyenne de 3000 campagnols. Dès lors qu’il y a beaucoup moins de renards dans un milieu et bien que ces carnivores soient généralistes (se nourrissant d’une diversité de proies), les campagnols ont plus de chances de proliférer. Un déséquilibre s’est créé !

 

SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES

Pour continuer sur cet exemple, les campagnols et notamment deux espèces que sont le campagnol des champs et le campagnol terrestre (ou rat taupier) peuvent provoquer des dégâts importants en agriculture. Rien que dans un potager, la présence d’un seul rat taupier ne passe pas inaperçue ! De ce fait, en tant que prédateur de ces rongeurs, le renard apporte un service à l’agriculture. En écologie, cela porte un nom : c’est un service écosystémique.

Ainsi, un service écosystémique se définit de la sorte : c’est un bienfait apporté par une espèce ou des espèces à l’encontre d’activités humaines. Et cela, gratuitement ! Le renard qui se nourrit de campagnols, la mésange qui se délecte de chenilles de papillons ravageurs en cultures mais aussi des insectes qui pollinisent les végétaux.

On aurait donc tort de se priver de tels services ! Dans un agroécosystème, l’objectif est donc d’optimiser ces services, en permettant à ces espèces de s’exprimer. Et pour s’exprimer, les dites espèces doivent se nourrir, se loger, se déplacer librement et se reproduire. Elles ont besoin d’autres espèces. Il ne suffit donc pas de vouloir redonner une place à seulement certaines ; il faut redonner une place à toute la biodiversité (=l’ensemble des êtres vivants). Pour que l’ensemble des chaînes alimentaires soient fonctionnelles.

 

 CORRIDOR

L’agriculture fait partie des activités humaines qui a le plus d’impacts négatifs sur les écosystèmes. Si on assiste à une érosion massive et générale de la biodiversité, c’est du fait de plusieurs facteurs :

  • la fragmentation et la destruction des habitats,
  • l’exploitation directe,
  • le dérèglement climatique,
  • les pollutions en général,
  • l’impact des espèces exotiques envahissantes.

Ce sont toutes des causes anthropiques (=humaines).

Insistons sur la fragmentation des habitats. Celle-ci empêche les espèces de se déplacer naturellement, de trouver leur nourriture et des partenaires de la même espèce. D’où cette notion essentielle de restauration de corridors écologiques, c’est-à-dire des habitats peu perturbés et propices au maintien et surtout, au déplacement des espèces.

 

AGRICULTURE POSITIVE

Il ne faut pas se leurrer. Toute agriculture a obligatoirement un impact sur le milieu naturel et ses espèces. Il est impossible de faire sans. Regardez lorsque vous jardinez ! Néanmoins, il est tout à fait concevable de se donner les moyens pour minimiser ces impacts. Et ceci n’est pas contradictoire avec le besoin de produire.

L’agriculture prend plusieurs formes, entre l’agriculture dite conventionnelle, labourant ses sols et utilisant des pesticides de synthèse et l’agriculture biologique, travaillant également ses sols (le labour n’est pas proscrit) mais utilisatrice de pesticides qui ne sont pas de synthèse. Il existe une troisième forme, l’agriculture de conservation des sols. Celle-ci met la préservation des sols en avant en s’interdisant de labourer. Elle travaille néanmoins ses sols avec différents degrés jusqu’à parfois, ne travailler que la ligne de semis (= semis direct). Cette agriculture peut utiliser des pesticides de synthèse mais en moyenne, souvent moins qu’en agriculture conventionnelle. On parle même de plus en plus d’agriculture régénérative.

Et l’agroécologie ? Ce n’est pas vraiment une forme d’agriculture comme les trois précédentes. L’agroécologie fait en sorte de développer les services écosystémiques. Elle peut se retrouver dans l’une ou l’autre des trois formes citées.

Sans stigmatiser telle ou telle forme d’agriculture qui serait plus nocive qu’une autre, il faut juste se dire qu’une agriculture qui respecte le plus possible la biodiversité est une agriculture qui :

  • propose des ressources alimentaires variées et en toutes saisons, via ses cultures mais aussi les abords des parcelles.
  • adapte ses pratiques agricoles en respectant l’intégrité de ses sols et en diminuant, voire se passant lorsque cela est possible, d’intrants (comme les pesticides ou les engrais de synthèse).
  • restaure ses habitats naturels, semi-naturels, voire intègre de l’artificiel si nécessaire (exemple des perchoirs ou des nichoirs), avec toujours une notion en tête : le besoin de corridors écologiques.